L’horreur est humaine :
Après une longue réflexion, j’ai choisi de parler cette semaine du quartier où j’habite, car il renferme le plus grand malheur de la ville, une histoire mondialement connue.
J’habite dans l’ancien ghetto juif de Varsovie, j’en suis même au cœur. Je réside dans le quartier de Nowolipkie (rue de Nowolipie) qui a été reconstruit après guerre avec des constructions tout à fait « soviet ». Tout ça a mal vieilli, mais pour ma part je m'y plais. Dans cet article, je vais plutôt m’attarder sur ces anciennes abîmes diasporiennes.
Le ghetto de Varsovie (1940-1943) est le plus grand ayant existé lors de la seconde guerre mondiale. Le mur d'enceinte a commencé à être construit le 12 octobre 1940 ( le jour même de la fête juive de Yom Kippour). Ce n’était pas l’enfer mais seulement son antichambre. Nul n’était tué (enfin en général), seulement d’innombrables personnes y mourraient de faim et de froid (il ne fait pas très chaud l’hiver par ici).
Il y a eu de nombreuses rafles à partir de juillet 1942 afin de déporter la population, principalement vers le camp de Treblinka (non loin de Varsovie), où 5000 à 6000 juifs furent exterminés chaque jour. Les Allemands nommèrent ironiquement cette action de « repeuplement vers l’est ». En 1940 le ghetto contenait plus de 300 000 personnes. Après la première vague de rafles en 1942, il en restait seulement 70 000.
Il faut retenir plusieurs évènements majeurs dans ce ghetto comme la création d’un conseil juif par les Allemands avant la construction du ghetto en 1939 (le Judenrat). Il servait grossièrement de gouvernement, notamment de police au sein de la communauté juive. Cependant, l’évènement majeur est l’insurrection lors de l’intention d'une dernière rafle le 19 avril 1943. 3000 juifs ont tenté de prendre les armes, mais ce fut un massacre. En effet, le combat était inégal, le bilan fut lourd, environ 7000 résidents furent exécutés sur place et 6000 décédèrent dans les incendies et la destruction.
(Ancien emplacement du mur)
Le ghetto fut détruit et après la guerre mon quartier fut construit sur les ruines. C’est maintenant un quartier fleuri et plutôt calme où il fait bon vivre. Surprenant non?